Sa voix d’angelot du Midwest trahit la précocité de ses 23 ans, quand la mélancolie chevillée à chacune des 11 chansons de son premier album donne l’impression d’avoir traversé une vie entière d’embardées et de déceptions. Un délicieux contraste qui devrait permettre à Max Jury de multiplier les admirateurs dans les semaines, mois et années à venir.
Il faut dire que ce pianiste sait mettre en scène son spleen avec autant de ferveur que de savoir-faire. Originaire d’un état de l’Amérique profonde – l’Iowa –, le frêle jeune homme s’est d’abord formé à l’écoute d’une discothèque parentale enracinée dans les vieilles valeurs de la soul et de la country, sans rester insensible aux performances pop des Beatles ou d’Elvis Costello.
Sens affirmé du refrain et de la justesse vocale
Tiraillé entre l’envie de s’exprimer et d’apprendre, Max Jury intègre, à Boston, le prestigieux Berklee College of Music, avant d’en claquer la porte pour laisser la parole à ses chansons. Exilé à Londres, il cisèle textes et mélodies, finalement enregistrés à New York et en Caroline du Nord avec Inflo, producteur en vogue du hip hop et du r’n’b.
A paraître le 3 juin, Max Jury, son premier album éponyme, possède ce qu’il faut d’efficacité contemporaine, sans céder aux effets de mode. Sans basculer non plus dans le purisme vintage, le chanteur mise sur une profondeur émotionnelle, entremêlant l’expressivité du gospel (Numb) et de la soul (Home), l’art narratif propre à la country (Ella’s Moonshine) et la sensibilité confessionnelle de l’école Laurel Canyon (Neil Young, Joni Mitchell, Jackson Browne), pour un panachage jadis cher au regretté Gram Parsons (1946-1973).
Piano délicat, mélancolie candide et arrangements de cordes raffinés rapprochent aussi ce coup d’essai du premier album remarqué, Goon (2015), d’un autre Américain, Tobias Jesso Jr. Max Jury se distinguant par un sens plus affirmé du refrain et de la justesse vocale.
Max Jury, 1 CD Marathon / PIAS
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